
Tour de France à vélo – Partie 2
Je reprends la route le 7 septembre 2020, environ 5 semaines après m’être arrêté à Saint-Brieuc.
Ça me démangeait trop de compléter cet incroyable Tour de France à vélo, de boucler, de rentrer de la Bretagne jusqu’à Grenoble par mes propres moyens. Alors dès que j’ai pu j’ai sauté dans un train pour retourner en Bretagne, et reprendre mon voyage là où je l’avais arrêté.

Chapitre 6 : La Manche
Il me faut quelques dizaines de kilomètres pour le réaliser, mais en retrouvant le panorama marin de la côte de Granit Rose puis de la côte d’Émeraude, j’ai vraiment l’impression de remettre sur « play » le film de mon voyage que j’avais mis en pause fin août.
Me voilà de nouveau sur les petites routes de France pour mon plus grand bonheur. 😀
Plage des Sables-d’Or, Cap Fréhel et côte d’Émeraude jusqu’à Lancieux, près de Dinard, j’en prends plein les yeux dès cette première journée (ou 31ème étape), jusque chez Nico, un ami et sa famille qui me reçoivent chaleureusement, me remettant aussi dans l’ambiance des belles rencontres du voyage. 🙂



Départ pour quelques dizaines de kilomètres avec Nico, puis un pique-nique partagé avec trois jeunes belges qui voyagent en gravel en Bretagne, je passe par Saint-Malo, la Pointe du Groin, Cancale et bien sûr par la baie du Mont-Saint-Michel.
Trois ans après mon tout premier voyage à vélo qui s’était terminé à cet endroit précis, pour me rappeler des bons souvenirs. 🙂
Je dis donc au revoir à la Bretagne et me voilà en Normandie pour quelques jours !



Granville – Cherbourg – Lion-sur-Mer.
Dans les jours qui suivent je fais le tour de la péninsule du Cotentin, en passant par le Cap de la Hague et Barfleur, je découvre ses routes de côtes magnifiques.
Puis je longe les grandes plages normandes, dont les plages du débarquement, Utah Beach et Omaha Beach. Je fais un détour chargé d’émotion par le cimetière américain.
La belle côte de Haute-Normandie est bordée d’impressionnantes falaises calcaires, dont les fameuses d’Étretat, mais il y en a beaucoup d’autres : Fécamp, Vaucottes, le Tréport, etc. En tout cas c’est quelque chose de les voir en vrai après les avoir souvent vues en photo !
Pour y arriver il m’aura quand même fallu passer par le Pont de Tancarville, et Le Havre et sa route pleine de camions, l’enfer pour un cycliste…






147km, 164km, 174km, 194km (!), depuis quelques jours j’enchaîne des (très) grosses journées de vélo, je n’avais jamais fait autant de bornes d’affilées dans ma vie. Il faut croire que je commence à être entraîné !
Mais la vérité est que ma motivation est d’arriver à Hardelot, dans le Pas-de-Calais, avant la fin du weekend pour y retrouver des amis.
J’y arriverai finalement samedi en fin de journée, après avoir traversé la baie de Somme, et après avoir roulé plus de 900km en 6 jours ! Mon dimanche de repos entre amis est bien mérité. 🙂
Je repars requinqué pour ma dernière étape le long de la mer (du Nord pour finir !), je passe par les beaux caps Gris-Nez et Blanc-Nez, d’où la vue porte sur les longues plages de sable blanc, les falaises, et même les côtes anglaises de l’autre côté !
Je traverse Bray-Dunes, village le plus au nord de France métropolitaine (3ème point cardinal sur 4 !), et fais étape à La Panne, juste de l’autre côté de la frontière, chaleureusement accueilli – une fois n’est pas coutume – par la famille belge d’une amie. 🍻



Chapitre 7 : Nord et Est
Je quitte la côte, et la mer que je j’ai l’habitude d’avoir sur ma gauche depuis St-Jean-de-Luz, et me mets à longer la frontière Franco-Belge. Sur les routes du plat pays, je traverse des jolis villages aux maisons de briques rouges, et je suis surtout entouré de champs. C’est en se baladant à la campagne qu’on se rend compte que nous vivons dans un pays agricole.
Je contourne notamment l’agglomération lilloise et fait connaissance avec les fameux pavés du Nord, pour mon plus grand déplaisir.
Nous sommes en septembre, mais en pleine vague de chaleur, mes moments préférés sont tôt le matin et la fin de journée, quand il fait frais, que les routes se calment, et que mon ombre grandit tandis que le soleil décline sur l’horizon.




Après le Nord, me voilà dans les Ardennes et dans la Meuse, un peu plus vallonnés, je retrouve aussi de la forêt et plus de nature dans ces départements.
Je me régale à suivre la véloroute qui longe les berges de la Meuse, ça faisait depuis les Landes que je n’avais pas suivi de longues pistes cyclables, et celle-ci vaut le détour ! 😍
Avant de passer la frontière luxembourgeoise, je visite la belle citadelle Vauban de Montmédy, et oui il faut bien faire un peu de tourisme ! Puis je traverse ce petit pays en moins de 2h (j’ai un peu débordé pour ajouter un drapeau à ma collection 🇱🇺 😇) et je rejoins ensuite la Moselle et la frontière allemande.
Au milieu des champs je trouve quelques poirier à côté desquels je plante ma tente pour passer la nuit, je suis probablement le seul à avoir l’idée de bivouaquer là ! Trouver un petit endroit isolé à la campagne, en hauteur, pour y passer la soirée seul à regarder le soleil se coucher. Bref le bonheur quoi.




Je traverse le Pays de Bitche, puis les belles forêts de pins des Vosges du Nord, la campagne est de moins en moins plate. Je passe d’ailleurs par le col du Pigeonnier (432m), premier col depuis les Pyrénées !
Puis je redescends dans la plaine d’Alsace, traversant Lauterbourg, village le plus à l’est de France continentale. Après Menton, Hendaye et Bray-Dunes, je valide donc mon 4ème et dernier point cardinal !
À partir d’ici je vais suivre les pistes cyclables du Rhin et du canal du Rhône au Rhin, traversant notamment Strasbourg en pleine heure de pointe.
Sur les 50 derniers kilomètres à longer le Rhin je suis rejoins par Ulysse, un de mes amis, qui m’accompagne jusqu’à Bâle où il habite, et où avec Sil, ils vont gentiment m’héberger deux nuits, et oui une journée de repos ça ne fait pas de mal. 🙂








Chapitre 8 : Jura et Alpes du nord
Revigoré par cette halte je me prépare psychologiquement à affronter des conditions bien difficiles en montant dans le Jura, une semaine de mauvais temps est annoncé, ça ne va pas être de la tarte. 🌧
Je retrouve de jolies côtes et surtout des grosses averses, je n’avais pas pris une goutte depuis le Morbihan, et ce ne m’avait pas manqué…



Morteau – Gex, ce 49ème jour est probablement la journée de vélo la plus difficile (de ma vie ?). 130km et 1650m d+ dans le froid, la pluie, la grêle, le vent de face, une route à plus de 1000m, dont le col de la Faucille (1320m).
Les doigts sont transis sur les freins dans les descentes et les orteils sont frigorifiés. 🥶



J’ai survécu aux froidures jurassiennes, j’arrive avec bonheur au Lac Léman.
Ce lac était le point de départ de ma traversée des Alpes l’été dernier, je suis trop content d’être là et de connecter ainsi mes deux plus grands voyages ! 😀
Quelques éclaircies délicieuses au milieu des ondées, me donnent même la motivation d’aller me baigner en fin d’aprem 🏊🏼♂️ l’eau est plus chaude que l’air !



À partir de là mon voyage va prendre une nouvelle dimension, j’attaque la route des Alpes du Nord, mais je ne sais pas si je vais pouvoir passer par les grands cols, qui sont en train de fermer. La pluie qui est tombée dans le Jura était de la neige dans les Alpes.
Je décide de m’engager quand même dans les Alpes, je monte doucement vers Morzine, puis Les Gets, dans une météo toujours exécrable, et froide. Je commence à apercevoir de la neige en altitude !
Puis, après une nuit en airbnb (je n’ai plus la motive de planter la tente), je découvre avec bonheur un ciel bleu ! 😍
J’ai passé Megève, je me dirige maintenant vers le Col des Saisies. Plus je monte et plus le ciel se voile, mais surtout plus la neige est présente !
C’est incroyable, je me retrouve dans une station de ski enneigée, je suis passé de l’été à l’hiver en à peine une semaine ! Cette fin de voyage commence à devenir épique !





En descendant vers Beaufort un panneau m’indique « Cormet de Roselend – fermé », comme je m’en doutais. Je décide donc de redescendre jusqu’à Albertville, après un crochet par Arêche quand même pour profiter des beaux paysages de montagne.
Le lendemain j’appelle l’office de tourisme de St-François-Longchamps, le col de la Madeleine a rouvert ce matin ! Youpi !
L’iseran reste fermé, mais je vais quand même pouvoir changer de vallée par la montagne, et continuer cette fin de périple alpin. Je m’enfonce donc de nouveau dans la vallée de l’Isère, et tourne à droite à Feissons-sur-Isère pour attaquer la montée.
Montée qui restera gravée dans ma mémoire, une des plus incroyables de ma vie de cycliste :
– grand ciel bleu (pour la 1ère fois depuis une semaine)
– paysages magnifiques et vue sur le Mont Blanc
– quasiment aucune voiture car peu de gens savent que la route est ouverte
– neige au bord de la route pendant au moins 600m de d+
– passage dans une station où je suis plusieurs fois venu skier
– ambiance montagne hivernale exceptionnelle !
La descente côté Maurienne sera aussi un régal, avec vue sur le nord de Belledonne, ça y est je me rapproche vraiment de la maison !




Après 4 nuits en dur, j’ai décidé de camper à St-Michel de Maurienne, retour dans ma tente pour la dernière nuit du voyage !
J’ai bien fait de pousser jusqu’ici hier, car en appelant l’OdT de Valloire j’apprends aussi que je peux passer le Galiber aujourd’hui, génial !
Ça va encore être une journée de dingue.
La dernière, et la plus longue montée du voyage : 34km et plus de 1900m de d+, ça va être costaud. Surtout qu’après avoir passé la première « bosse » du Télégraphe, mon câble de dérailleur arrière casse, aïe la guigne. Il n’aurait pas pu attendre quelques dizaines de km de plus ! Ça me prend une bonne heure de le réparer en râlant, mais je relativise : je suis au soleil, dans un beau paysage de montagne, ça aurait été beaucoup moins drôle si ça m’était arrivé dans le Jura…
Toute la montée après Valloire est assez ardue, mais comme hier la route est hyper tranquille, et plus je monte, plus c’est beau, et plus il y a de la neige. C’est de la folie. 🤩
Le dernier kilomètre du col est recouvert de neige, je bascule de l’autre côté en empruntant l’étroit tunnel, purée c’est au moins aussi époustouflant de l’autre côté avec la vue sur la Guisane et les Écrins !
8km de pur bonheur en descente et me voilà au col du Lautaret, ça y est la boucle est bouclée, incroyable, dire que j’étais ici même début juillet dernier, je n’en reviens pas…
Bon il faut quand même que je rentre jusqu’à Grenoble, et même si grosso modo ça descend, il reste quand même un paquet de bornes (environ 90kmà, et la fin va être un peu longue. En plus avec cette histoire de réparation il n’est pas tôt, et j’arrive à Grenoble à la tombée du jour, rejoint par Sébastien vers Uriage pour faire les derniers kilomètres ensemble.
Sur le pont Marius Gontard m’attendent Claude et mon père, qui me félicitent et m’accueillent. 😊
Wah je n’en reviens pas, j’ai fait le tour de la France !
À la force de mes jambes sur mon petit vélo et en autonomie, quelle aventure de fou !
J’ai tellement voyagé en ne passant (presque) pas les frontières de mon pays.
Bon maintenant il est temps d’aller boire une bière, et manger une pizza avec les copains avant de retrouver mon lit. 😊










