Paris – Lille à vélo
Toujours le smile sur mon vélo, même dans le froid et la pluie…
Jeudi 7 décembre
137km, 6h45 vélo, 8h25 total
7h15, après une trop courte nuit, je m’extrais avec difficultés de la chaleur douillette de mon lit. Flocons d’avoine, mise en place des bagages sur le vélo, habillé de pied en cap, je pars de chez moi à 8h35.
Je passe quelques minutes sur le boulevard de La Chapelle pas vraiment agréables, mais je touche du bois, contrairement à ce qui était annoncé, il ne pleut pas. Je rejoins le canal de l’Ourcq, ce qui est déjà plus sympa, à contresens de tous les gens qui vont bosser à vélo. Je passe la Villette, longe le canal de moins en moins fréquenté, jusqu’à atteindre le pont où j’avais fait demi tour la semaine dernière. Ça y est je dépasse le point le plus loin atteint depuis chez moi ! Plus le temps passe, plus l’environnement est vert et boisé, le canal est vraiment beau par endroit, et il ne pleut toujours pas, c’est vraiment royal. Je me retrouve au milieu de la belle forêt de Sevran, les arbres dénudés, le marron et l’orange, les promeneurs emmitouflés dans leur gros manteau, ambiance froide automnale.
À la Gare de RER de ville Parisis, je quitte le canal et vais devoir commencer à plus m’orienter. Je longe les rails, tout seul sur une sorte de chemin de halage, jusqu’à Mitry-Clayes. L’environnement n’est pas très beau avec le champs en friche à ma droite et la nationale sur l’horizon où passe un flux continu de voitures et de camions. Ça y est, après Mitry je commence vraiment le trip de suivre les départementales avec les panneaux : Thieux, Saint Mard et Dammartin en Goëlle (et sa belle côte), le temps est toujours gris mais sec. Othis, Ver sur Launette puis Ermenonville, à part un arrêt pipi je n’ai toujours pas fait de pause depuis le départ.
Sur une route entre deux villages (Rully et Nery je crois) je vis un instant de bonheur total, rien de spécial, tout seul, la route descend un peu, les champs autour, je suis juste trop content d’être là, putain de liberté ! Ça m’avait manqué après ces 3 mois de vie sédentaire à Paris.
Compiègne, je suis content d’arriver, ça doit faire 85km que je roule, je vais enfin faire ma pause. Je m’arrête pour déjeuner dans une boulangerie, dehors c’est pas possible je me refroidis trop vite. Mes pieds dont le bout était frigorifiés se réchauffent enfin.
Je repars réchauffé après une grosse demi heure de pause , me plante un peu à la sortie de la Ville avant de retrouver mon rituel d’enchaînement de petits villages tous les 5/7km. L’objectif est Péronne mais il va être compliqué à atteindre, surtout qu’il se met à pleuvoir vers 16h, cette fois pour de bon.
Cette nuit je veux tenter de dormir chez l’habitant en toquant aux portes au hasard, pour me rassurer je sais que j’ai au pire l’auberge de Peronne qui m’attend, mais je vais tenter ma chance dès le village de Nesle, 20km avant, surtout qu’il commence à faire sombre et qu’avec la pluie c’est de plus en plus risqué.
Après 3 refus et l’appréhension avant de toquer, une femme d’une quarantaine d’année m’ouvre et surprise par cette demande accepte tout de même de m’offrir son hospitalité pour la nuit. Je suis moi même pris au dépourvu un peu au début et en perds un peu mes mots, mais Marielle qui m’accueille est vraiment super gentille, et je vais passer une soirée aux petits oignons. En commençant par une douche chaude après avoir retiré mes couches mouillées, pendant qu’elle me prépare la chambre de sa fille qui n’est pas là, puis nous prenons le thé avant qu’elle m’emmène dîner chez sa sœur et son beau frère qui habitent dans le village. Elle m’y emmène comme un invité surprise, et je vais passer une excellente soirée dans cette famille picarde, avec Frédérique, Laurent et leurs enfants Matthieu et Mathilde. Petit apéritif au whisky puis grosse soupe de légumes au pain grillé et fromage, un peu de vin Rouge. Nous discutons de plein de sujets, ils sont vraiment adorables de m’accueillir comme ça chez eux alors que je suis un inconnu, je suis bouleversé de l’hospitalité et de la gentillesse des gens..
Vendredi 8 décembre,
119km, 5h50 vélo, 8h total
Ce matin je me régale avec un petit déjeuner préparé par Marielle qui a le goût de la générosité.
Sous un ciel bleu radieux, je sors de Nesle, et mets tout de même 1h à atteindre Péronne, content de n’avoir pas eu à faire ça hier sous la pluie. Je traverse cette petite ville puis continue vers le nord, toujours sous le ciel bleu. Mais cela a un coup, car le vent qui a chassé les nuages est Nord Ouest et je l’ai donc soit de face soit du côté gauche.
Je passe quelques petites buttes, mes jambes fatiguées souffrent en montée. De nombreux champs revêtent les reflets blancs de la neige tombées cette nuit, c’est beau. Je traverse le petit village de Christ en Briost, qui à l’instar de plusieurs autres que je verrai après, me fait penser à l’Angleterre avec ses petites maisons en brique rouge et leur pelouse parfaitement entretenue.
Vers 13h je fais halte dans une petite friterie de bord de route où je me réchauffe avec chocolat chaud et café pour accompagner mon sandwich. Les tenanciers sont accueillants, et j’aime les écouter discuter avec leur fort accent chti avec les routiers qui s’arrêtent prendre un (ou plusieurs) demi, quelque chose d’authentique.
Réchauffé, je repars vers Palluel, mon itinéraire m’indiquait de passer par Rumaucourt, mais Google maps me propose un autre chemin, apparemment plus direct. Je me retrouve dans un chemin de terre absolument pas adapté pour mon vélo, à rouler à 12km/h et à risquer de glisser sur la boue ou crever sur les cailloux. D’ailleurs les secousses dérèglent un petit bout du dérailleur que je dois refixer. Au moins je respire l’odeur des arbres plutôt que celle des pots d’échappements.
Je suis dans le Pas de calais depuis midi, et arrive dans le Nord un peu avant d’entamer les abords de Douai.
Comme d’habitude c’est assez contrastant, sur les petites départementales je suis tout seul, entouré de champs (de blé ou de betterave sucrière), traverse des hameaux de quelques maisons, une égalise et une mairie, puis aux abord des grandes villes, je passe des stations essences et des centres commerciaux et le trafic s’intensifie, puis je retrouve la véritable activité humaine qu’une fois entré dans la ville.
Le centre de Douai a l’air joli mais je le passe rapidement, il commence à être tard et j’aimerais bien entrer dans Lille avant la nuit. Il me reste une bonne trentaine de kilomètres, je traverse la longue zone résidentielle de Roost Warendin, puis quelques villages, Mons en Pévèle, où je souffre dans la côte, Mérignies, Pont-à-Marc, avant d’arriver dans la banlieue de Lille, où, en contournant l’aéroport je retrouve le trafic intensif, alors que la nuit tombe, je me perds d’ailleurs un peu dans Lesquin, c’est sans doute la pire partie du voyage, se faire dépasser toutes les 20s par des voitures dans l’obscurité c’est oppressant et vraiment peu confortable. À partir de Faches Thumesnil, je suis tout droit une longue avenue qui me fait entrer dans Lille, allé ça sent la fin, je commence à vraiment avoir froid mais je suis presque arrivé, trop content. Je vois d’autre cyclistes sur des « VeLille », et suis les panneaux Hôtel de Ville, jusqu’à ce que …
Maud ! Yeaaaah je suis arrivé ! 17h40, au pied de l’hôtel de ville je retrouve ma chère sœur. Grosse embrassade, je suis trop content je l’ai fait ! J’ai réussi mon pari et je suis trop heureux de retrouver ma sœur avec qui je vais passer le week-end – qui commence à peine – dans sa ville.
Elle prend un VeLille et nous pédalons 15min jusqu’à chez elle, ça y est c’est bon, d’en bas de chez moi à en bas de chez elle a vélo !
Une fois réchauffé nous fêterons ça autour d’une bière sacrément méritée puis d’un burger au maroilles et de frites délicieuses ! Ces moments et ces aliments ont une saveur particulière après deux jours d’effort dans le froid.