Jour 23 : Somport – Cabane d’Ansabère
28 août
33,4km, 1500m D+, 1560m D-
Après une nuit confortable et au sec, Bruno et mois nous engageons dans un agréable sentier qui ondule en forêt et rejoignons Espélunguère. Nous suivons une piste et rejoignons une crête herbeuse vers 1900m d’où nous avons une sur toute la Vallée d’Aspe et des crêtes de l’autre côté, d’où dépasse encore le Pic du Midi d’Ossau, c’est magnifique.
Le soleil est de la partie, nous suivons avec régal un chemin de terre rouge au milieu de vallons et de pâturages verdoyant.
Bruno, géologue de formation, m’expliquent tout un tas de choses, le grès rouge qui tient sa couleur des oxydes de fer, les conglomérats de cailloux qui proviennent de l’époque Permo-Trias (200 à 300 millions d’années), bien antérieure à la formation des Pyrénées (40 millions d’années). J’adore ces discussions de géologie, elle donnent une autre lecture de la beauté de la montagne, l’échelle de temps est tellement différente, c’en est vertigineux.
Au refuge d’Arlet, on nous informe que la météo risque de tourner à l’orage, alors j’accélère, espérant atteindre Ansabère avant. Je me sens très en forme sur ce sentier plutôt plat, et avec mon bon rythme je sème rapidement Bruno.
Un peu de hors-sentier côté espagnol, et je finis par arriver à l’Ibón de Acherito – Lac de la Chourique en français – il est effectivement très beau sous ces roches acérées.
Il est 17h30 et le ciel est de plus en plus sombre alors que je remonte un petit éperon. Quelques gouttes de pluie, je protège mon sac. En arrivant sur la crête frontière, le tonnerre se met à gronder. Vivement que je sois à l’abri.
Le début de la descente est bien escarpée et je ne peux pas accélérer au risque de glisser. Je commence à apercevoir la cabane, ça tonne, ça gronde, vite vite, je descends presque en courant, et après être passé entre les brebis, j’y suis enfin !
Je mets mes affaires à l’intérieur, et deux minutes après il se met à pleuvoir à verse ! Cet abri est tout petit, mais qu’importe, je suis tellement content d’être à intérieur, au sec, et rassuré vis-à-vis des orages !
Il y a un bat-flanc en bois et quelques bougies qui donnent une ambiance chaleureuse quand je ferme la porte. Pour l’instant je la laisse ouverte pour profiter de la luminosité, deux patous se glissent à l’intérieur et se couchent près de la porte pour se protéger de la pluie, qu’ils sont beaux ces chiens de garde tout blancs, typiques des Pyrénées.
Quand le berger rentre, je vais lui acheter un morceau de fromage de brebis, l’archétype du berger montagnard béarnais avec un fort accent que je comprends mal. J’arrive tout de même à apprendre qu’il a 1000 bêtes, 2 patous et 3 labris, « j’ai tout ce qu’il me faut ! ».
Alors que l’averse fait toujours rage au dehors, je déguste un bout de mon savoureux fromage en entendant les brebis bêler de l’autre côté du mur, on ne peut pas faire plus circuit court ! Je m’en souviendrai longtemps du brebis d’Ansabère.