Jour 8 : St-Étienne-de-Tinée – Les Portes du Longon

Jour 8 : St-Étienne-de-Tinée – Les Portes du Longon

Samedi 15 août :
33,6km, 2450m D+, 1400m D-, 11h10 d’étape, 9h40 de marche

Je pars tôt ce matin, 7h10, la journée va être la plus longue et la plus difficile jusqu’à maintenant. Dans les premières minutes de marche, en traversant St-Étienne-de-Tinée pour une énième et dernière fois, j’ai ce dicton qui me vient en tête « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin », nous verrons bien…

Après 2/3km de marche sur bitume, j’attaque l’ardue montée vers Auron, sur un sentier qui monte en lacet à flanc de montagne, dans la forêt je vois passer quelques chamois qui dévalent la pente à toute allure. C’est cette portion que la blogueuse de RL qui nous a inspiré avait faite en navette, le groupe de randonneurs du jour 5, eux vont même en bus jusqu’à Roya (je comprends pourquoi vu la durée de l’étape).
Je finis par arriver à Auron au bout d’une heure et demi, accompagné d’une mouche, complètement gaga de ma sueur, qui me suit depuis une bonne demi-heure. Je traverse le village, puis entame la montée vers le Col du Blainon en remontant les pistes de ski, alors que quelques gouttelettes timides font leur apparition.
Après déjà 3h de marche je fais une pause au Col du Blainon (2014m), puis trottine dans la descente vers le hameau de Roya. Je me sens en forme, et arrivé en bas, je traverse le petit village sans même m’y arrêter, avec l’objectif d’avaler le maximum de montée avant ma pause déjeuner, un panneau indique plus de 3h pour le col de la Crousette, ça ne va pas être de la tarte.

Je marche quelques temps sur un sentier tapis d’épines entre les pins, puis sors de la forêt pour entrer dans la Combe de la Crousette, une jolie vallée cernée de haute crêtes, cols et sommets, à peu près tous dans le brouillard. C’est majestueux mais en me dirigeant vers le fond de la vallée je me rends compte qu’il va bien falloir que je passe quelque part là-haut.
Quelques sapins, grosses pierres et fleurs jaunes (que je pense être des doronics) parsèment les clairières d’herbes qui recouvrent la vallée. Je m’arrête pour casser la croûte, mais après à peine 50g de noix de cajou, la pluie s’invite. Je me couvre et repars sous une pluie qui s’intensifie, je suis rapidement trempé, j’ai connu des moments plus agréables, en plus il n’y a absolument rien pour s’abriter dans cette foutue vallée… Je rêve d’un bon feu de cheminé. J’aperçois au loin une cabane de berger, ça me donne un objectif. Malheureusement elle est fermée, je m’adosse au mur pour m’abriter en attendant que la pluie se calme.
En repartant, je croise et discute quelques minutes avec un marcheur, il me dit que lui aussi aime marcher seul, pour fuir le monde, « non pas que j’aime pas les gens hein, j’aime bien les gens seulement ils me cassent les couilles ».

Je continue à monter vers le col, c’est long, c’est fatiguant, mes jambes commencent à me crier d’arrêter, heureusement la pluie a cessé et le temps n’est pas orageux, toujours être positif ! Ça monte, ça monte, je vois de nombreuses marmottes et laborieusement je finis par arriver au col de la Crousette (2481m), trop content, je n’en pouvais plus de monter. Au col mon thermomètre indique 5°C et un vent super fort me gèle les doigts, je repars très vite.
Et là mauvaise surprise, ça ne redescend pas, ça continue de monter… je suis dans le brouillard, je n’y vois pas à 20m, il se remet à pleuvoir, puis même à grêler, j’ai trop froid, j’avance dans une sorte de pierrier, heureusement il y a des marques de GR fréquemment, si je me perdais là-dedans ce serait l’horreur.
J’atteins finalement un panneau après avoir marché sur une crête quelques minutes, c’est dommage qu’il fasse moche car le panorama des deux côtés doit être splendide d’ici. 2585m d’altitude et 3h15 pour les portes du Longon d’après le panneau, il est 15h25, je suis parti il y a plus de 8h et clairement je n’en peux plus. Au moins ça redescend maintenant, j’espère que ça va m’abriter un peu du vent.

Après une demi-heure de descente presque aussi chiante que la montée, il arrête de pleuvoir, puis les nuages décident qu’ils m’ont assez embêté pour aujourd’hui et se dissipent, j’ai du soleil, c’est le bonheur ! En revanche je n’ai plus une goutte d’eau, il va falloir trouver un torrent bientôt. Un marcheur d’une cinquantaine d’année avec un gros sac me dépasse, il me dit qu’il est parti ce matin de St-Dalmas-le-Selvage, c’est-à-dire d’encore plus loin, respect…
La descente avec le soleil dans le dos est beaucoup plus agréable, j’ai enfin le paysage dégagé et une super vue sur la vallée, ça me manquait d’avoir un horizon. J’alourdis mon sac de 3kg d’eau à la première rivière que je croise, heureusement le chemin est plus plat jusqu’à la fin.

Ça y est je suis aux portes du Longon, c’est grandiose, je trouve un terrain super plat où je plante ma tente, et passe bien dix minutes à m’étirer, tandis qu’une marmotte siffle debout sur son rocher un peu plus loin, ça résonne dans toute la vallée.
Le temps se rafraichit très vite pendant que je prépare mon dîner, je me réfugie sous ma tente pour déguster ma délicieuse purée à la tome de l’Ubaye.
Il est 21h20, j’ai fini d’écrire, ce soir je m’endors au son des cloches, les vaches sont littéralement tout autour de moi, je crois que j’ai un peu envahi leur pâturage.. Je suis tellement fatigué que ça va pas m’empêcher de dormir !

 

 

Départ seul de St-Étienne-de-Tinée
Au col du Blainon
En descendant vers Roya
La combe de la Crousette
Tanguy fatigué au col de la Crousette
La crête dans le brouillard
Un paysage lunaire
Le bonheur du retour du ciel bleu
Les marmottes ..
.. avertissent de ma présence
Enfin arrivé !

 

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