Escalade sur les falaises de Saffres

Escalade sur les falaises de Saffres

Samedi, 8h du matin, Hélène, François, Pierre et moi partons de Paris, le coffre de la voiture chargé de crashpads, cordes et autres matériels d’escalade et de bivouac. Après plusieurs années d’abonnement à la salle de bloc, nous avons enfin organisé ce week-end grimpe dont nous rêvons depuis longtemps, je suis impatient de cette nouvelle expérience !

En plein milieu de la Bourgogne, un peu à l’est du Morvan, nous traversons le petit village de Saffres et nous garons dans le petit parking entre les arbres, c’est vert partout ici. Nous marchons quelques centaines de mètres pour reconnaître les lieux, et découvrons, dans la forêt dense, les falaises calcaires hautes de 30m, étendues sur une longue ligne presque toute droite, mise à part la fameuse « tour carrée » qui lui fait face.

Nous faisons rapidement l’aller retour à la voiture pour récupérer notre équipement et commencer à grimper ! Nous trouvons un endroit parfait, avec des petites voies simples de 7 à 11m sur lesquelles nous allons pouvoir nous échauffer, et surtout nous entraîner à la manoeuvre de vachage/assurage en haut de voie qui permet de redescendre en moulinette après être monté en tête.

La fine équipe
« Le matos c’est la vie »
Échauffement sur une 3c

 

Une famille de grimpeurs pique-nique à côté de nous, et nous ne tardons pas à faire de même. Une fois repus, nous nous attaquons à deux 4b de 10 et 11m, un peu plus engagées, nous montons en tête chacun notre tour avec succès.

Pierre a 10m
Et François à 11
Hélène aussi a fait sa 4b !

 

Puis, en restant dans le même secteur, nous grimpons une autre 4b, de 16m cette fois, plus haute, mais en dalle (l’inverse du dévers) donc pas vraiment plus effrayante. Nous nous entraînons à faire des petits « vol », c’est à dire lâcher les mains et tomber volontairement en se trouvant un peu au dessus de sa dégaine. C’est un bon entraînement pour gagner en confiance, mais malgré nos vols minuscules c’est terrifiant et très difficile de lâcher les mains, ce n’est pas du tout naturel.

Et nous nous amusons aussi #gainage

 

Alors que la fin de la journée approche, je m’attaque à une 5a/b de 29m, qui va me prendre un certain temps.. Je pensais, à tort, que 15 ou 25m revenait au même, mais l’appréhension du vide est bien plus forte au delà de 20m ! En plus sur cette voie les prises pour les dégaines sont bien plus espacées, et je me suis retrouvé à plusieurs reprises 1 ou 2m au dessus de ma dégaine, avec aucune envie de faire un vol de 4/5m si je tombe. Sans être trop difficile techniquement, la voie est vraiment intéressante, pas du tout droite, j’ai du faire une longue traversée vers la droite, et je suis bien en sueur en me vachant à l’anneau rapide arrivé en haut, trop heureux dans les rayons de soleil qui tapent encore le haut de la paroi.

À ce moment là je crois que mes galères sont terminées, mais c’est sans compter la descente où je dois enlever chaque dégaine, et comme la fin de la voie et au moins 10m plus à droite que le départ, à chaque dégaine retirée je prend un balancier de plus en plus grand, où je dois faire en sorte de ne pas lâcher la corde. C’en serait presque aussi éprouvant que la montée mais ça nous fait en tout cas beaucoup rire !
Je crois que le topo nomme cette voie la « Pépère », c’est cela oui..

Je suis en haut à droite !
Balan incoming
Youhouu

Finalement il m’aura peut être fallu 1h pour faire l’aller-retour, et il est trop tard pour que les autres la tentent, même en moulinette, alors nous retournons à la voiture, et nous mettons en quête d’un bar où déguster une pression après cette belle journée. Nous trouverons un camion pizza à Vitteaux, à qui nous achetons 4 bières et une pizza à partager pour l’apéro que nous prendrons sur une table de pique-nique près du parking. Après le dîner de pâtes cuites dans les jetboils de Pierre et François, nous montons nos tentes pour bivouaquer sur une petit plat près des falaises, ambiance idéale.

En cette fin de journée je me dis que j’ai l’impression d’avoir fait un nouveau sport, cette « vraie » escalade n’a rien à voir avec le bloc en salle, il y a tellement de dimensions en plus, la hauteur et l’appréhension du vide, la nature, le matériel, l’assurage, etc. Une géniale découverte.

Le meilleur moment de la journée ?
3 tentes pour 4, c’est plus un bivouac, c’est du camping

 

2ème jour !

Nous prenons le temps de nous lever et de profiter du petit déj au soleil avant de se mettre à grimper, nous sommes vraiment chanceux sur la météo avec ce weekend ensoleillé au milieu de toutes ces journées orageuses.
Nous attaquons la journée avec une belle 4b en tête de 25m de haut et un peu en dalle, sur le versant nord de la tour carrée donc plus humide et plus verte.

Pierre ouvre la voie

Avec succès !
À mon tour d’assurer François

Toujours sur le versant nord de la tour carrée, Pierre ouvre encore une fois, une 4b/5b cette fois, c’est une belle voie, qui commence tranquillement (on retiendra le petit tunnel qui traverse la tour), mais qui rapidement présente des mouvements assez techniques et quelques passages aux dégaines bien éloignées. Malheureusement Pierre manque de dégaines pour finir, et est contraint de redescendre alors qu’il était presque en haut de la voie. Pour y arriver après lui, je dois à plusieurs reprises récupérer une dégaine sous moi après en avoir posée une au dessus. François, dont l’angoisse est de plus en plus palpable, arrivera en haut mais en moulinette.

Pierre qui ouvre de la 5b
Et François en haut de la Tour carrée
Pique nique au calme

 

Après une pause déjeuner bien agréable, je décide de m’attaquer à une 5c sur le versant sud de la Tour, ça va être plus dur mais je suis motivé, en plus la voie s’appelle « Tango » d’après le topo, elle semble donc faite pour moi !

Assuré par François, je pars torse nu sur la paroi ensoleillée, dont la première dégaine est déjà assez haute, je suis à l’autre extrémité du tunnel en fait. Le début de la voie est déjà plus difficile techniquement que les ascensions précédentes, mais pour l’instant ça se passe bien, avec quand même un ou deux mouvements déjà bien au dessus de mes dégaines. Je suis maintenant à 15/20m et la voie part un peu en dévers, les mouvements deviennent de plus en plus difficiles (ou plutôt de plus en plus impressionnants) et me prennent chaque fois plus de temps.
À un moment je me retrouve bloqué, 2 mètres au dessus de ma précédente dégaine, la suivante est à un mouvement de moi, mais ce mouvement me parait impossible à faire, j’ai trop peur de tomber. Je passe mon temps à alterner mon poids sur ma main droite et sur ma main gauche pour ne pas trop me fatiguer, en me disant que je vais sans doute abandonner, ça me fait râler car je laisserais une dégaine sur la voie pour pouvoir redescendre… Ça doit bien faire 30min que je suis parti du sol, et alors dans un élan de motivation je me force et arrive à passer ce mouvement et accrocher la dégaine suivante. Ouf ! Plus que deux dégaines, difficiles aussi, mais je ne peux plus ne pas finir, je me force et grimpe en essayant de ne pas me poser de questions.
Ça y est me voilà en haut ! « Vaché ! » je souffle, la pression nerveuse redescend et mes bras se mettent à trembler, mes yeux s’humidifient, je suis dans un état comme rarement j’ai été. Je suis content d’avoir bien pratiqué les mouvements d’assurage quand je les fais ici. En tout cas, à 28m orienté sud la vue est superbe !

Je redescend tranquillement en récupérant les dégaines, tellement content d’avoir réussi à me surpasser, en arrivant en bas je me dis que c’est le truc le plus difficile que j’ai fait de ma vie..

 

C’est parti pour la « Tango »
ça part en dévers
Arrivé !
Épuisé mais content  !

 

Après m’avoir vu autant peiner sur cette voie, Pierre et François n’ont pas vraiment envie de la tenter, même en moulinette, nous trouvons donc un nouveau spot avec une belle 4b de 24m pour terminer la journée. D’en bas elle paraît un peu dalleuse et pas trop compliquée, elle nous donne pourtant beaucoup plus de fil à retordre que prévu, elle doit être sous-côtée. Elle est traître car d’en bas les endroits où je vois Pierre et François en difficulté ne me paraissent pas impressionnants. Pourtant quand je dois m’y mettre, j’en bave presque autant qu’eux, et m’en sors sans doute en parte grâce à ma taille et peut être un meilleure appréhension du vide.

 

Il est plus de 18h quand nous prenons la voiture pour rentrer à Paris, nous avons profité au maximum de la grimpe sans même sortir une seule fois la slackline de Pierre.
Retour à la ville, le monde sur la route, la galère pour se garer, etc. En me couchant vers 1h du matin j’ai l’impression que ça fait une semaine que je suis en weekend !

2 réactions au sujet de « Escalade sur les falaises de Saffres »

  1. Très bon site web ! Merci pour votre descriptif de Saffres. Savez-vous ou je peux trouver le topo ? Avez-vous déjà essayé les massifs de Saumur en Auxois et Hauteroche ?

Répondre à tanguy_jvt Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *