Trans’Alpina – partie 1 – France & Suisse

Trans’Alpina – partie 1 – France & Suisse

Bon surtout la Suisse en fait.

Je vais essayer de faire assez court, car je suis encore au cœur des montagnes, les récits et photos détaillés viendront plus tard. 🙂

Avant le départ, le projet et le matériel :

Un itinéraire qui mélange le GR5 et les Via Alpina rouges et vertes pour rallier le Lac Léman à la mer Adriatique, environ 1450km de Thonon-les-Bains à Trieste, ça me paraît fou quand je regarde la carte.

Pour cette randonné j’ai un sac de rando un peu comme pour la HRP, un petit peu plus lourd car j’emporte en plus de quoi filmer (GoPro, trépied, etc.) et une batterie externe. Le total à vide (i.e. sans eau et sans nourriture) est de 10kg tout pile.

 Départ.

J’ai commencé cette incroyable rando le 13 juillet à 12h30 avec une baignade dans le lac Léman, puis suis sorti de Thonon-les-Bains en suivant le GR5, content de marcher de nouveau, de retrouver la nature, de porter mon sac à dos, de repartir à l’aventure en somme. 

Au bout des 6h de cette première journée, m’offrant notamment de belles vues sur le Léman et la Dent d’Oche, les jambes et les épaules sont déjà douloureuses, je me souvenais que la rando c’était génial mais j’avais oublié que c’était dur !

Départ du Lac Léman
Et vue sur la Dent d’Oche.

Les deux jours suivants m’emmèneront, toujours par le GR5, au col de Coux, où je dis au revoir à la France pour entrer en Suisse un petit bout de temps. Depuis La Chapelle d’Abondance je marche avec Kévin qui s’est aussi lancé pour 30 jours de marche tout seul dans les Alpes, on se dit au revoir peu après le col, lui continue en France vers le Sud et moi vers l’Est. Les glaciers du Grand Ruan dans le beau massif des Dents Blanches, donnent le ton dès cette première journée, d’une Suisse qui va se révéler magnifique.

Les Cornettes de Bise, au dessus de La Chapelle d’Abondance.
Jour 4, au col de Coux je dis au revoir à la France !
Et découvre le massif des Dents du Midi (en face), et des Dents Blanches (à droite).
Ainsi que les beaux glaciers du Grand Ruan.

Je remonte ensuite vers le nord par le tour des Muveran, sous la Dent de Morcles je peux observer une vue incroyable qui s’étend du Mont Blanc au Lac Léman, le Rhône en contrebas qui s’y jette. Pont de Nant, Anzeindaz, Lac du Sanetch, ça fait une semaine que je marche et je passe du canton du Valais à celui de Berne, entrant ainsi en Suisse germanophone, ça va être plus compliqué pour discuter.

À Lenk je rejoins la Via Alpina 1 Suisse et découvre ces très vertes et belles vallées, parsemées de grands chalets en bois, c’est magnifique et tout à fait typique, la Suisse comme on se l’imagine.

Petit coucou au Mont Blanc, le Rhône en contrebas va se jeter dans le Léman.
Bivouac au Lac du Sanetch.
Vallée verdoyante de Lauenen.
La Suisse comme on se l’imagine.

Les étapes de cette Via 1 sont en gros toutes du même acabit : partir d’un village assez bas (600-800m), monter à un col assez haut (2200 – 2600m) et redescendre à un autre village. Ce qui en fait des étapes physiquement assez dures, parfois très belles, comme celle qui passe sous les imposants glaciers du massif des Blüemisalp, mais aussi proches de la civilisation que je retrouve au moins une fois par jour (ce qui permet un ravitaillement assez facile). Je ne peux m’empêcher de penser que c’est moins sauvage que les Pyrénées, notamment le jour (de canicule) de l’étape Lauterbrunnen – Grindelwald, où je vois de nombreux touristes, souvent asiatiques, qui montent au col en train à crémaillère. Cependant cette étape est aussi une des plus belles, le chemin passe aux pieds des trois imposants et magnifiques sommets des Alpes Bernoises : l’Eiger (3967m), le Münch (4107m) et la Jungfrau (4158m), la face nord du premier est très verticale et impressionnante, elle a défié de nombreux alpinistes ces 100 dernières années.

Découverte du massif des Blüemisalp depuis le col de Bunderchrinde.
Délicieux café au réveil au lac Oeschinensee.
Coucher de soleil sur les Alpes Bernoises et leur nombreux glaciers.
La belle vallée de Lauterbrunnen et son impressionnante cascade.
La verticale et très impressionnante face nord de l’Eiger (3967m).

15ème jour, depuis le départ je n’ai pas encore vu une seule goutte de pluie, ce qui est complètement improbable. Je monte d’Engelberg au Surenenpass, le mauvais temps est annoncé, peu avant le col, je trouve une petite cabane libre juste avant que l’orage éclate et que la pluie se mette à tomber dru, quel timing ! J’y fais ma pause déjeuner, avec quatre autres randonneurs qui m’y rejoignent, mais lorsqu’ils repartent pendant une accalmie, je décide de rester, finalement cette Shutzhütte sera mon refuge pendant près de deux jours !

J’envisageais de faire une journée de pause pour mes jambes et mon genou parfois douloureux, cette averse et cette cabane tombent finalement à pic. Je vais y expérimenter la solitude, me sentant l’âme d’un Sylvain Tesson on d’un Jacob Kahru. Toute la deuxième journée la pluie n’a pas cessé une seule minute et je ne suis sorti que trois fois pour me soulager la vessie. C’est une drôle d’expérience où je passe beaucoup de temps dans mon duvet (la cabane est à 2300m et il y fait environ 8 degrés), je lis beaucoup, écris, écoute de la musique, médite, joue sur mon téléphone. Quelle chance d’avoir un abri tandis que l’orage et la pluie font rage en continue.

Après la deuxième nuit je suis tout de même content de découvrir que la pluie a enfin cessé et je repars après 42h de repos plus ou moins forcées.

Trop content de trouver un abri pendant l’orage !
Schutzhütte, ma petite cabane à 2300m.
La pluie ne s’arrête pas et je passe beaucoup de temps dans mon duvet, à l’intérieur il fait à peine 8 degrés.

Jour 18, après avoir franchi le col routier Klausenpass, et ses trop nombreuses et bruyantes motos, je vais adorer descendre et longer  la magnifique vallée d’Urnerboden. C’est un grand alpage verdoyant où coule une rivière, surplombé d’abruptes falaises rappelant les Dolomites et d’où semblent couler des forêts de pins telles des avalanches figées.

La belle vallée et alpage d’Urnerboden et la route qui monte au Klausenpass.

1er août, ma dernière nuit en Suisse, soir de la fête  nationale, va s’avérer être des plus incroyables, je me retrouve invité par Ernst, charpentier, sa fille et une de ses amies, Valentina et Laura. Ils m’inviteront à leur dîner de Cervolas au barbecue, puis à prendre quelques schnaps avec le dessert à l’intérieur alors que la pluie se met à tomber, et nous nous retrouvons à jouer au Jenga puis au Time’s Up (en allemand, Valentina me traduit les cartes), jusqu’à près de minuit, je ne me suis jamais couché aussi tard de la rando ! Je vais dormir au chaud dans une belle chambre tandis que les deux filles dormiront dans ma tente, pour un peu d’aventure. Je suis vraiment touché par autant de générosité, comme ça m’était arrivé plusieurs fois l’an dernier pendant mon trip à vélo. Après encore un généreux petit-déj, je pars avec le cœur réchauffé et un souvenir accroché à mon sac à dos, un petit rondin de bois où est gravé « Zuhause ist da, wo dein Herzsilch wohl fühlt ».

Toutes ces merveilleuses et si généreuses rencontres que je fais en marchant seul.
Un petit souvenir accroché depuis à mon sac à dos.

11 réactions au sujet de « Trans’Alpina – partie 1 – France & Suisse »

  1. Très joli reportage pour une très belle randonnée dont je languis de découvrir la suite des images et les petites histoires, presque comme si j’y étais ….
    Que le ciel t’accompagne 😊

  2. C’est génial de te lire! Ça permet d’avoir une vision plus continue de ton voyage plutôt que par bribes. Dans ce contexte, les bribes prennent tout leur sens. Et ça inspire sacrément!
    L’idée des 2 jours dans une petite cabane dans la montagne pour toi tout seul m’intrigue particulièrement… Ça devait être grisant!
    Hâte de lire la suite de tes pérégrinations…

    1. Merci Flora !
      Oui les deux jours dans la cabane c’était vraiment une expérience particulière.. que je revivrais bien avec une meilleure météo. 😁
      La suite des pérégrinations est en cours d’écriture. 😉

  3. Un récit de voyage comme je les aime, respirant la liberté, le bonheur, la joie, le partage, les rencontres.
    Quelle « chance » ! Enfin, ce n’est pas vraiment de la chance, plutôt du courage, de la témérité, du tempérament, et une pincée de « rien à foutre, j’écoute mes rêves ». Et ça, c’est une belle leçon, qui donne des idées à certains…
    Merci pour ces lignes <3

    1. Merci mon Rom !
      C’est vrai que j’ai l’impression d’avoir beaucoup de chance, même si peut-être que je la provoque quand « rien à foutre, j’écoute mes rêves ». 🙂

  4. Bonjour Tanguy,
    Nous nous sommes rencontrés sous l’Eiger le 24 juillet. Je venais de Trieste et j’ai terminé ma traversée des alpes par la via Alpina le dimanche 4 Août à Samoëns.
    La rencontre fut brève mais en chemin j’aime bien c’est moment là.
    Bonne continuation à toi, pour ma part je prépare le tour de la Bretagne
    Pascal

    1. Hello Pascal,

      Oui je me souviens très bien ! Tu as d’ailleurs fait partie des rares randonneurs sur la Via Alpina que j’ai croisés.
      Content d’avoir de tes nouvelles. 🙂

      Je peux d’ailleurs t’envoyer par mail la photo que j’avais prise !

      Super projet ça le tour de la Bretagne, par le GR34 ? En une seule fois ? Tu vas te régaler !

      1. Tanguy,
        je ne pensais pas avoir de tes nouvelles aussi rapidement.
        Effectivement, c’est avec le GR 34 (en fil rouge) que je compte faire le tour de la Bretagne. Je débuterai fin juin en traversant la baie du Mt. St. Michel avec un guide.
        Pour la photo je suis OK. J’aime regarder les « reportages des autres randonneurs » car je peux souvent voir ce que je n’ai pas vu, à cause du mauvais temps. La nuit que j’ai passé sous l’Eiger était d’un calme et au matin, voir cette guirlande de frontale entrain de monter à ce sommet, çà m’a rappelé un matin à CILAOS (Réunion) où je voyais également ces frontale montées au Piton des Neiges. Très bons souvenirs.
        Bonnes balades…

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