Jour 10 : Saint-Dalmas (Valdeblore) – Lac du Trecolpas

Jour 10 : Saint-Dalmas (Valdeblore) – Lac du Trecolpas

Lundi 17 août :

26,6km, 2100m D+, 1100m D-, 9h30 d’étape, 7h30 de marche

Le réveil sonne à 6h30, oulah impossible de me lever, je me rendors et me réveille à presque 8h, moi qui voulait partir tôt !

Sans repasser par le centre du village je rejoins le GR, mais à partir d’aujourd’hui ce n’est plus le même, c’est le GR52, j’ai bifurqué, et c’est lui qui va m’emmener jusqu’à Menton. J’attaque la montée vers le col de Barn (2452m), j’ai 1100m de dénivelé devant moi, et pour la première et la dernière fois de la rando je marche plein Nord, c’est à dire à l’exact opposé de ma destination.
Comme toujours, mes jambes ne sont pas tout à fait réveillées et le début de la montée est difficile. Il fait un temps magnifique (je sors mes lunettes de soleil pour la première fois depuis Briançon), et une fois sorti des arbres à chaque fois que je regarde dans mon dos j’ai une vue éclatantes sur toutes les montagnes, qui semblent d’ailleurs toutes plus basses, et j’aime à penser que tout au bout derrière il y a la mer. Je continue à monter en plein cagnard et finis par arriver à un parking où je vois de nombreuses voitures, je vais très probablement croiser des « randonneurs d’un jour » qui montent aux lacs des Millefonts. Et en effet, une fois passé le col du Veillos (2194m), je dépasse plusieurs groupes, de personnes âgées, ou de familles.

11h30, j’arrive au premier lac, parfait pour une petite pause, j’enfile mon maillot de bain et plouf, les gens qui me dépassent me prennent pour un fou. Bon je fais le malin mais je ne reste pas longtemps car elle est vraiment gelée celle-ci, en sortant de l’eau je m’aperçois que je me suis un peu coupé le pied, rien de méchant, je désinfecte et mets un pansement puis me pose sur une pierre pour sécher au soleil tout en dégustant un snickers, ah que je suis bien, comme disait le très sage B. « il en faut peu pour être heureux ».
Je repars, pour les 200m qu’il me reste à monter, dépasse de nouveau les groupes, mais me rends assez vite compte que je ne suis plus sur le GR, petit coup d’œil à la carte, j’ai bien fait un petit détour, mais j’ai tôt fait de rejoindre le chemin du GR. D’ailleurs tant mieux parce que sans cette erreur je n’aurais pas croisé de lac « baignable » :).

En arrivant au col je retrouve Éric, en train de finir sa pause déjeuner. Je suis content de l’avoir rattrapé ! Sans traîner nous repartons ensemble car il souffle un vent bien frais là-haut. Nous descendons à bon rythme, il a la forme – en tout cas en descente. La vallée de ce côté-ci est splendide aussi, remplie de sapin et surplombée par le sommet de l’Argentera qui se situe juste derrière la frontière italienne et culmine à 3300m.

Éric m’apprendra qu’une bonne partie de ces sapins sont des Mélèzes et ont les épines douces, on les trouve plus en allant vers le sud. D’ailleurs je vais apprendre pas mal de choses avec lui, notamment à reconnaître les myosotis et les épilobes à feuilles étroites, et aussi à différencier les gentianes des vératres (#tetedemort).
Je laisse Éric partir devant pendant que je fais ma pause déjeuner, je suis de nouveau seul, et je ne sais pas trop comment, j’arrive encore une fois à perdre le GR après avoir passé la vacherie du Collet. Je me retrouve pendant près de 10min à marcher le long d’une rivière sur un chemin plus marécageux qu’autre chose, en regardant la carte je m’aperçois que je ne dois pas être loin du sentier, je décide de couper « à travers champs » (entre guillemets parce que c’est tout sauf un champ ce bourbier), je galère un peu mais rejoins assez vite le sentier, mais c’est pendant ces quelques minutes que je me suis tapé ma première baisse de moral (et dernière j’espère) de la rando.

Je retrouve Éric au col de Salèse (2041m). Nous descendons un chemin jonché de pierres dans des sous bois de pins et longé par un torrent, c’est un régal qui nous fait oublier les douleurs aux jambes. Nous avons une bonne allure, trottinant parfois même tous les deux, nous prenons de l’avance par rapport à chaque panneau indicateurs. Ça y est nous sommes presque au Boréon, la dernière partie de la descente est littéralement sur la route, nous avons hâte d’arriver parce que le bitume, surtout quand on n’a plus l’habitude, ça fait trop mal aux pieds.

Le Boréon ! C’est la fin de l’étape pour Éric, mais peut-être pas pour moi, il est à peine 16h et j’ai encore de l’énergie, et puis si je veux gagner un jour il va bien falloir que je m’y mette.
Au gîte d’étape je fais mes adieux à Éric, mince j’ai oublié de prendre une photo avec lui.. J’y retrouve aussi la quinzaine de marcheurs que nous avions croisé plusieurs fois avec Pierre. Je m’assois à un table avec quatre d’entre eux, discute un peu avec Anne, JP, Denis et un mec d’Annecy dont le nom m’échappe. Anne insiste pour m’offrir une bière, après hésitation j’accepte, c’est un vrai plaisir, je passe un bon moment avec eux, Anne me raconte qu’elle est un peu frustrée de cette rando en groupe et qu’elle est plus du genre à partir comme moi en autonomie.
Après la bière et deux pommes « tombées du camion », je ne me laisse pas abattre et me motive pour repartir après m’être rechargé en eau potable et informé de la météo qui s’annonce correcte, je vais tenter de monter jusqu’au lac de Trecolpas en espérant mettre moins de 2h.

Une fois le gîte derrière moi ça monte direct sévère, mais je suis trop content d’avoir pris cette décision, je me retrouve enfin seul dans mon trip comme je voulais. Bon pas si seul que ça en fait, je vais croiser de nombreuses personnes qui descendent du lac ou d’autre part. Après bien 45 minutes de montée je vois mon premier panneau : Lac de Trecolpas – 1h15, arf.. qu’à cela ne tienne je continue à avancer. La montée est assez difficile et mes jambes souffrent vraiment sur la fin, mais malgré les panneaux, et les indications pessimistes d’un type qui m’avait conseillé d’arrêter avant, j’arrive, fourbu certes, mais avant 19h au lac. Je suis assez content, j’ai avalé 650m de positif et de fait déjà terminé ma feuille « jour 11a ».

Au lac il fait assez frais et il y a encore du brouillard qui semble en train de se lever, alors assez rapidement je monte ma tente et fais mes étirements pendant que l’eau chauffe sur mon réchaud. Pour le dîner je tente un mélange soupe à l’oignon, purée et morceaux de tome, c’est clairement réussi !
Et après m’être gelé les mains dans le lac pour la vaisselle, retour sous la tente, et là j’ai l’idée de génie, en fait je la vole à Éric cette idée : avec mon dessert au chocolat, je décide de me faire un café pour me réchauffer en cette fin de repas, best idea ever, en plus le réchaud chauffe la tente à vitesse grand V.

Je m’endors avant 22h en repensant à ce que disait Éric hier soir : « c’est incroyable toutes ces rencontres qu’on fait en rando, éphémères certes mais toujours si intéressantes et enrichissantes ! »

 

 

Petite baignade matinale
Au bout là-bas, bien loin encore, il doit y avoir la mer
Au fond, l’Argentera, sommet du massif du Mercantour-Argentera
Des épilobes à feuilles étroites

Coucou toi
Dans les pins
De nouveau tout seul !
Ma maison, avec vue sur le Lac de Trecolpas

 

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