Jour 12 : Refuge des Merveilles – Sospel

Jour 12 : Refuge des Merveilles – Sospel

Mercredi 19 août :
34,6km, 1015 D+, 2500 D-, 10h50 étape, 9h30 marche

Alors que je petit-déjeune (au café froid cette fois), le lever de soleil vient frapper ma tente, je glisse la tête à l’extérieur pour l’admirer, aucun col pour le cacher cette fois, splendeur. En plus ça réchauffe la tente, agréable.

Je commence à marcher sous un grand ciel bleu sans nuage, le soleil me chauffe doucement dans la fraicheur matinale. Je prends de la hauteur sur le lac long supérieur qui borde le refuge des Merveilles, je passe à côté de deux autres lacs de retenue, l’eau qui miroite est vraiment belle, plus je monte et plus la vue vers la vallée et ses lacs dans la luminosité matinale est splendide. Après une montée un peu éreintante j’arrive au pas du Diable (2440m), ma vue porte loin dans ces monts et montagnes de plus en plus petits à l’horizon. Mais que vois-je tout au fond ? Ne serait-ce pas la mer? Je ne suis pas sûr, on la distingue à peine, mais cette petite forme de baie est trop caractéristique. Youhou ! Je pousse un cri de joie, c’est fou de voir la Méditerranée, juste fou, juste fou (oui assez pour le répéter trois fois). Je ressens un curieux mélange de joie et de soulagement à voir enfin cette ligne d’arrivée. Mais il ne faut pas que je m’y abandonne, je suis encore vraiment loin, et au mieux je m’y baigne demain, ne crions pas victoire trop tôt.
À Briançon je me demandais quel effet ça ferait.. Que Briançon me semble loin !

J’entame la descente, à partir de maintenant je ne remonterai plus aussi haut. Au bout d’une bonne heure j’atteins de col de Raus (1999m). Puis un peu plus tard la Pointe des Trois Communes, un vieux fort et des vieux remparts se dressent ici. Ici le GR bifurque vers l’ouest pour faire un détour vers le refuge du Camp d’Argent, que j’atteins en moins d’une heure. Je m’arrête au restaurant à côté du refuge pour prendre de l’eau. La patronne refuse que je mange mon pique-nique sur sa terrasse malgré la part de tarte aux myrtilles que je lui achète et que je déguste lentement.

Je suis entre 1700 et 1800m et j’ai retrouvé des arbres, je longe ce sentier en partie en forêt pendant quelques temps et suis complétement tout seul. Au resto la patronne m’a dit de compter 7-8h pour Sospel et que je ferais bien de m’arrêter avant, j’espère y être en 6h maximum. Dans cette forêt je préfère me taire, ne rien dire, ne rien penser, être juste perdu dans la nature.

J’arrive à la baisse de la Déa (1750m), décidément je suis encore haut, je sais que Sospel est à 377m, il va bien falloir descendre à un moment ! Le temps est orageux et à la limite de la pluie quand j’y fais ma pause déj.

À peine une demi-heure après être reparti la pluie décide de s’inviter, je me couvre, mais le sentier monte encore, faudrait savoir ! Petit coup d’œil à la carte, en fait je dois passer le col de Mangiabo (1880m), moi qui croyait faire mes derniers pas en montée au Pas du Diable.. Ce n’est même pas 200m, ça ne représente rien sur le total de la randonnées, mais les efforts sont toujours plus dur quand ils ne sont pas psychologiquement préparés. En arrivant au col ça se gâte sérieusement, je suis dans le brouillard, il se met même à grêler, je suis transi de froid en quelques minutes à peine. En plus le chemin est le pire possible par cette météo, un sentier en lacets dans des herbes hautes bien glissantes et très difficile à repérer, je le perds plusieurs fois. Ce moment que je suis en train de passer n’est franchement pas agréable du tout, et je me retrouve même à lancer des injures au temps et au sentier.

La pluie finit par se calmer et le brouillard se lever, quelques gouttes tombent encore timidement, en revanche les herbes hautes sont toujours trempées et mes chaussures continuent à prendre l’eau plus que de raison, floc floc. Le chemin est en terre, enfin en boue maintenant, c’est encore plus glissant, je finis par me gameller pour de bon vraiment et tomber sur le dos, heureusement il y a le sac derrière, ça amortit très bien.

Baisse de la Limière (1350m), décidément il y en a trop aujourd’hui. Ça continue à descendre, depuis plusieurs heures déjà mes jambes me portent sans réfléchir, et c’est tant mieux parce que si je me mets à y penser, j’ai les pieds douloureux, les articulations qui râlent et les muscles qui n’en peuvent plus. Je mange des barres de céréales pour tenir le choc, probablement plus psychologiquement que physiquement.
Pendant les deux dernières heures de descente jusqu’à Sospel je chante tout mon catalogue de Brassens que je connais par cœur (une quinzaine de chansons maintenant !), le sentier est recouvert d’un tapis d’épines qui épargne un peu mes genoux
Pendant toute la descente depuis le Mangiabo je fais la course avec la pluie pour voir qui arrivera le premier à Sospel : je suis tout le long de l’après-midi à la frontière entre le beau temps et la pluie.
Une de mes journées les plus solitaires, depuis le Camp d’Argent de tout à l’heure je n’ai croisé que deux personnes.

Sospel ! Enfin ! Ça fait plus de dix heures que je suis parti, j’ai marché comme un fou aujourd’hui.
À la pharmacie du village je me fais indiquer le camping municipal. Enfin « village », c’est la ville la plus grande que je vois depuis Briançon, elle me parait gigantesque. Le camping est plus cher qu’à Saint-Dalmas et pas forcément mieux, la grosse différence est qu’il est plein, me voilà dans l’ambiance des vacanciers campeurs, ma tente plantée à quelques mètres des caravanes et des camping-cars, étrange contraste avec ma solitude des heures passées.

il fait vraiment très bon ici, j’ai beaucoup perdu en altitude. Je dîne sous la tente en terminant presque tous mes restes, mon sac va être si léger demain !

Ce soir je m’endors aux sons des voisins étrangers qui veillent. Je préférais les vaches de Longon ! En revanche ici il fait 20°C sous la tente, c’est le grand confort.

 

Le soleil se lève ..
.. Sur la « merveilleuse » vallée
Et ses lacs..
..Si beaux
Au Pas des Diables, si si, en vrai on distingue la mer tout au fond
Les montagnes sont plus hautes en regardant vers le nord que vers le sud
Grand luxe
Dans la forêt ou sur les crêtes, je marche seul
Sospel !

 

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