Trans’Alpina – partie 2 – Liechtenstein, Autriche & Allemagne

Trans’Alpina – partie 2 – Liechtenstein, Autriche & Allemagne

Je franchis le Rhin, ça y est je change (enfin) de pays ! Il m’aura fallu 18 jours pour traverser la Suisse à pieds d’est en ouest, je suis content. C’est la première fois que je traverse tout un pays à pieds (mis à part l’Andorre peut-être).

Au début le Liechtenstein ça ne me plait pas trop, 87€ la nuit en auberge de jeunesse, encore plus cher que la Suisse, je fais un détour de 2x1h de marche en suivant une grande route pour rejoindre le camping le plus proche. Cependant je change d’avis dès le lendemain : après une longue montée en forêt depuis Vaduz, en passant notamment au pied du château princier datant du XIIème siècle, je récupère la Via Alpina rouge et emprunte le « Furstensteig » un joli sentier assez vertigineux qui monte jusqu’à la crête frontière avec l’Autriche. La vue y est panoramique et je resterai longtemps au sommet du Garsellikopf (2105m) à admirer les montagnes à perte de vue, et le Rhin bien plus bas se jetant dans le Bodensee, le Lac de Constance, que j’avais rejoint à vélo l’an dernier.

Liechtenstein ! Un si petit pays..
Le château princier de Vaduz.
Et la belle crête du Furstensteig.

Je vais ensuite marcher deux belles journées en Autriche, notamment en remontant la très jolie vallée de l’Ill, traversant de nombreux petits villages comme Röns, Thüringenberg et St-Gerold, avant de bifurquer dans la vallée du Lutx. Chacun de ces villages est annoncé par le clocher de son église, rouge et pointu, tout à fait typique.

Peu après Shröcken, je ferai un joli bivouac à côté du Korbersee : le soir je contemple la belle vue sur l’imposant Widdenstein qui me rappelle le Pic du Midi d’Ossau, le lendemain matin je serai bloqué dans ma tente par la pluie qui ne veut pas s’arrêter…

Le clocher pointu de Frastanz.
Le chemin est plutôt plat et agréable en remontant la belle vallée de l’Ill.
Alpages au dessus de Buchboden, j’ai pris de l’altitude sur la vallée.
Bivouac au Korbersee, en arrière-plan l’imposant Widdenstein.

Ce jour de pluie je passe la frontière allemande, je n’y ferai que trois ou quatre étapes en tout mais tout de même, déjà le 5ème pays de la rando !

Après encore une journée (relou) de pluie, et une autre (trop longue) de 35km, me voilà à la fin de la 4ème semaine de rando, et ce 28ème jour va s’avérer magnifique, peut-être mon préféré depuis le début. Sur les conseils d’un gars du coin je quitte la Via Alpina à un col et grimpe le Gartnerwand, un sommet à 2377m qui se mérite, la dernière heure de montée ressemble plus à de la via ferrata qu’à de la randonnée. Mais une fois au sommet que je suis heureux, il fait un temps radieux et la vue porte loin de tous les côtés, au nord sur la plaine bavaroise derrière quelques collines, au sud sur des montagnes à perte de vue dont quelques glaciers et sommets enneigés, et à l’est je découvre le Zugspitze dans le massif du Wettenstein, à presque 3000m c’est le sommet de l’Allemagne. Je déguste pain et fromage (mon pique-nique classique) à ce sommet, contemplant et juste profitant de l’instant présent. Cette superbe journée se termine avec un beau bivouac à côté du Drachensee, sous le Drachenkopf (i.e. lac et sommet de Drachen).

Un Tanguy content au sommet du Gartnerwand.
La vue y est magnifique sur le Zugspitze (sommet de l’Allemagne, tout à gauche) et sur la belle crête que je vais longer.
Bivouac au Drachensee, sous le Drachekopf.

Après une nuit au Obereintalhütte, un petit refuge de grimpeurs où je suis le seul randonneur, le 30ème jour sera aussi un de mes favoris, avec encore un temps radieux et de magnifiques vues sur le Wettenstein (mais de l’autre côté cette fois) et la Bavière. Je visiterai notamment le Shachenhaus, une improbable demeure royale du roi Ludwig II de Bavière, un genre de chalet confortable construit il y a 150 ans à plus de 1800m ! Au premier étage se trouve la « salle turque » à l’ambiance orientale où le roi aimait fumer le narguilé. En montant le petit escalier en colimaçon on a l’impression de passer des Alpes bavaroises à Istanbul, c’est assez surprenant. Il était néanmoins interdit de prendre des photos à l’intérieur, pour le découvrir il faudra y aller. 😉

Cette journée continue par le refuge Meillerhütte, perché à un col à 2340m où je repasse en Autriche et quitte définitivement l’Allemagne, après une longue, bien longue descente dans un large pierrier, je rejoins la verdoyante vallée de Lehner qui me rappelle la Suisse.

Je termine ce 30ème jour à Scharnitz, où je croise mon itinéraire à vélo de l’été dernier ! En outre, encore un an plus tôt, ma traversée des Pyrénées avait duré 29 jours, je peux donc maintenant dire que cette rando est la plus longue de ma vie, c’est fou ! Et je n’en suis qu’à la moitié…

L’improbable Schachenhaus, demeure royale de Ludwig II de Bavière.
Univers de pierres au col de Meillerhütte,
qui contraste avec la verte vallée de Lehner en contrebas.

Les deux jours suivants vont s’avérer assez pluvieux, ce qui veut dire journées plus courtes et nuits en refuge. Je ne pourrai pas pleinement profiter du paraît-il beau massif de Karwendel. Ça ne peut pas être parfait tous les jours non plus…

Massif du Karwendel, quand les nuages daignent se lever un petit peu.

14 août, 34ème jour, ma matinée est une longue descente jusqu’à la grande ville de Schwaz (480m) où je traverse l’Inn et peux ravitailler, mon après-midi est une longue remontée jusqu’au Kellerjochhütte, un beau refuge à plus de 2300m où je vais passer la nuit. D’ici la vue sur toute la vallée de l’Inn est magnifique et porte très loin, je peux voir la ville d’Innsbruck, où je suis passé à vélo il y a un an exactement, le 14 août 2018. Pour fêter cet anniversaire autrichien, je sirote une délicieuse bière au soleil sur la terrasse du refuge.

Refuge Kellerjochhütte et vue incroyable sur toute la vallée de l’Inn.
Délicieuse bière « anniversaire » dans un endroit magique.

Le lendemain, 35ème jour de marche, commence parfaitement, par un petit sentier de crête et un sommet sur lequel je suis tout seul à 9h du matin, au soleil j’y reste longtemps à contempler les montagnes et vallées alentour. Ce 35ème jour se termine parfaitement aussi : je me retrouve une nouvelle fois invité par une famille allemande indécemment généreuse, alors que je cherchais mon chemin et potentiellement un endroit où planter la tente, Klaus, Florian et Benny m’invitent à passer la soirée et la nuit au chaud à l’intérieur, dans leur petit chalet en bois qu’ils ont loué pour une semaine de vacances. Nous serons rapidement rejoints par leur épouses et enfants respectifs, et alors que nous trinquons avec une bière, une violente averse se déclenche, quel timing, c’est fou la chance que j’ai ! Nous nous réfugions à l’intérieur où nous terminons nos bières puis des grandes assiettes de spaghettis bolognaises. Nous terminons la soirée en jouant aux cartes avec quelques verres de vin. Encore une fois je ne pourrai pas assez remercier mes hôtes pour tout ce qu’ils m’ont offerts, le toit, le couvert, et une foule de bons souvenirs…

Des vertes vallées et des hauts sommets enneigés, ce pays est vraiment magnifique.
Mes hôtes de ce soir, encore tellemment généreux !

Je vis de très nombreux moments de bonheur, de fait j’oublie de raconter que parfois j’en chie aussi : dans les montées les jambes tirent, je pousse fort sur mes bâtons et je sue à grosse goutte ; dans les descentes, selon la difficulté je fais attention à ne pas glisser et je mets mes genoux à rude épreuve (*) ; quand je me retrouve sur une route, le bitume me fait mal aux pieds et j’envie les cyclistes..

Mais toutes ces suées en valent la peine, que ce soit pour atteindre un beau sommet, pour voir de magnifiques paysages ou pour la bière au refuge le soir (qui devient de plus en plus régulière).

(*) d’ailleurs j’ai tous les soirs mon rituel de massage du genou droit au voltaren et surtout 15min d’étirements de tous les muscles des jambes possibles.

Parfois il pleut, parfois je suis dans le brouillard…
Parfois je marche sur la route, et c’est barbant… Mais je garde le sourire. 🙂

37ème jour, ce matin je pars du très grand et beau lac (artificiel) de Shlegeiss, et remonte une vallée où coule une jolie rivière, en arrivant au col, le Passo Vizze, je passe la frontière en entre en Italie ! Les belles montagnes élancées, les quelques glaciers et la verte vallée de l’Adige en contrebas me plaisent déjà beaucoup ! 6ème pays pour commencer cette 6ème semaine de rando, la suite au prochain épisode ! 😀

Le grand lac de retenue de Shlegeiss.
Je rentre en Italie ! Passo Vizze et vallée de l’Adige en contrebas.

4 réactions au sujet de « Trans’Alpina – partie 2 – Liechtenstein, Autriche & Allemagne »

  1. Yep !!! Pain-fromage sur panorama alpin .. jeter au loin le superflu .. et courage et endurance pour enchaîner les dénivelés .. ce doit être une très belle expérience Tanguy 😊

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